[PG13] LE MONASTERE par AENOMINA

Le monastère.

Je marchais depuis maintenant un peu plus de sept heures dans cette forêt accrochée à ces montagnes. Rejoindre le monastère était mon objectif, enfin celui que l’on m’avait fixé, et ceci à la tombée de la nuit.
J’avais emmené le matériel nécessaire et ma volonté, cet allié inébranlable qui m’empêchait à cet instant même de faire demi tours, de sombrer dans la folie.
Mais tant que j’étais résolu, je ne faillirais pas, je ne m’humaniserais pas...

« Tu iras en haut de cette montagne boisée, et tu arriveras à la tombée de la nuit au monastère Saint Michelo. C’est ici que tu commeteras l’acte de non-retour, que la porte de ton humanité sera scellée pour l’éternité. »

La sueur rendait mon corps poisseux et ces conifères qui m’entouraient me donnait des démengeaisons. Je croyais aperçevoir du coin de l’oeil des ombres humanoïdes parfois, inquiètante, à rôder, attendant que vienne leur heure, car ils savaient qu’elle viendrait.
Le temps est leur alliée, eux qui par delà la mort ressentent la vie plus que n’importe qui...

A présent, l’obscurité qui commençait à envahir les sous bois rendait plus dure ma progression mais la fin de la marche était proche.
Enfin je passais des colones en ruines semblant m’inviter à entrer dans ce cauchemard éveillé.
Lorsque mon sac tomba au sol, je l’ouvris et pris mon poignard enveloppé dans son tissus vermeil. J’enleva l’étoffe et contempla quelques instants sa lame, magnifique et rédemptrice.

Des pas léger se firent entendre dans mon dos et l’on m’interpela d’un « monsieur » timide. Les étoiles aparaissaient dans le ciel, le temps était venu.

Je m’avança rapidement vers l’homme vêtu d’un habit de moine qui se prépara à me poser une question.
D’un geste rapide, j’enfonçais la lame dans son ventre une fois, puis deux et une dernière fois. Seulement un léger râle sortit de sa bouche, et son corps tomba mollement à terre.
Arrivé au coin de la petite église située à quelques dizaines de mètres, un autre moine.
Il se debatait sous l’étranglement, je serrais encore et encore. Mes nerfs étaient tendus et cette tension explosa soudain accompagné du bruit d’un crâne se brisant contre la pierre.

J’hurlais, je vociférais, une indicible chose bouillonait en moi qui je n’arrivais plus à retenir. Furie primitive sortie de mes entrailles depuis longtemps refoulées.
Un autre moine subit les coups du poignard et je ne pus m’empêché, dans le même temps, de le mordre de toute mes forces à la gorge.
Les deux derniers virent la scène et se mirent à courir vers moi, à moitié horrifié mais pris d’un délire de survie, leur dernière chance devant cette frénésie qui exultait de mon corps et dépassait tout sentiment, émotions ou organismes que j’avais pu avoir. C’était plus grand que tout ce que j’avais pu vivre.

Ils se jetèrent sur moi avec toute leur force. Mon arme se figea dans la poitrine du premier tandis que je plaquais le second à terre.
Ma respiration était très forte, animale. Je compressais sa tête entre mes mains tandis qu’il criaient de douleur. J’écumais et arrosais son visage avec, mes mains se refermèrent en un instant pour lui assener des coups toujours plus forts, jusqu’à qu’il ne soit plus que chair inerte.

Les ombres dansaient autour de moi, dans ce monastère désormais mort, cette mort qui amenait les ombres, qui nourrirait la vie. Venez ici ombres de la nuit, nourrissez vous de cette folie, je ne suis plus incompris, je renaîs à la vie...