[R] Le monde des hommes

Vous pouvez continuer cette histoire si cela vous chante. Cependant, je la développerai aussi et ne tiendrai compte de vos suggestions que si elles me paraissent intéressantes. Je ne m'intéresse pas à grand chose.


Il faisait nuit. Le vent ne soufflait pas. Il ne faisait pas froid. Il ne me reste aucun souvenir de la première journée où la vie m'est apparue, juste ce sentiment de solitude et de crainte diffuse. Je suis resté prostré sous des feuilles et des branches dans le petit bois à la lisière de la ville. Chaque bruit réveillait en moi ces angoisses qu'engendrent les incertitudes de l'imaginable.
Il faisait nuit donc. Le tumulte avait laissé la place à une absence de bruit équivoque : deux branches qui s'entrechoquent, une feuille qui tombe au sol. Je me dissimulait derrière le dernier arbre avant le goudron. Là ! A deux mètres de moi : une rue. Personne ! Personne à par ses ombres folles nées de mon imagination et du combat entre la lumière des réverbères et les ténèbres.
Quand soudain, tel le maître des enfers, un enfant apparu de nul part. Il claudiquait maladroitement d'un pied sur l'autre. Il risquait de tomber à chaque pas. Ce qui devait arriver arriva : il s'écrasa lourdement sur l'asphalte, hésita un instant puis se mis à crier, à hurler de toutes ses forces comme si sa vie en dépendait.
Comment expliquer le sentiment que j'ai ressenti ? Il hurlait. Ah...comme j'en avais envie ! Il avait mal. Ah...comme j'avais mal ! Il ressentait la peur, la même peur de l'inconnu qui me taraudait le corps et l'esprit. Je n'étais plus seul. J'attendis quelque instants pour être sûre que personne ne venait. Personne !
J'avançai lentement...vers lui. Etait-ce un piège ? Allait-il se transformer en goule pour me dévorer jusqu'à mon âme ? Ses cris résonnaient. Je respirai à peine. Je le releva et me serra contre lui, lui...se serra contre moi. Le contact avec son corps était chaud, doux et calme. Il ne paraissait pas surpris par ma présence. Peu à peu, ses larmes cessèrent. Il n'avait plus mal alors...alors moi non plus je n'ai plus eu mal. Il n'avait plus peur alors...alors moi non plus je n'ai plus eu peur. Et puis...ce silence...pour la première fois !
Une femme, sortie du diable vauvert, me bouscula et m'arracha l'enfant des mains. Son regard était comme fou plein de terreur et de haine. Seulement, ce n'était pas de moi...non! Pas de moi qu'elle avait peur, mais de ce qui aurait pu arriver à la chaire de sa chaire, au sang de son sang. Ce n'était pas à moi...non ! Pas à moi qu'elle en voulait, mais à elle même.
Donc elle, aussi, ressentait ces angoisses qu'engendre les incertitudes de l'imaginable. Pouvais-je en déduire que j'étais l'un d'entre eux ? En tout cas, à cet instant, je pensai qu'il valait la peine de se poser la question.