C’est une merveilleuse journée, mais qui ne sera pas comme les autres…
J’étais tranquillement installé dans mon nid douillet, mon petit aquarium. Le seul lieu
que j’ai connu jusqu’à cette fabuleuse journée, pleine de péripéties… C’était un lieu de sérénité certaine. Tout respirait la tranquillité, orchestrée par ce métronome, qui avait parfois un rythme très lent et d’autres fois très agitée. Ah, ce merveilleux métronome. Il rythmait ma vie de façon si apaisante. Que j’aimais mon petit cocon, dans mon œuf rempli d’eau. J’avais mes petites habitudes, petits étirements quotidiens contre les parois plutôt souples de mon abri. Sucer mon pouce, écouter les sons environnants, mes simulations de vélo, de football et de boxe.
Cette journée commença comme beaucoup d’autres, à part que le métronome n’eut pas d’accalmie. Je senti même une certaine tension autour de moi… Puis, tout à coup, la paroi externe de mon abri se fit pressante. Cela ne dura que quelques secondes. Mais cela se reproduisit au bout de quelques minutes, et là, la tension se changeât en une sorte de panique, tout sembla s’accéléré, le métronome semblait au bord de l’explosion… De mon habitat serein il ne restait que des souvenirs. Tout n’était qu’agitation autour de moi. Et cette pression de la paroi externe, je me sentais à l’étroit, je ne pouvais plus bouger comme je le voulais. Une frustration m’envahissait, mon cocon si serein en temps normal devenait comme une prison beaucoup trop étroite. J’eus la sensation que l’on voulait m’expulser.
Au bout d’un moment je senti une accalmie, mais je fus un peu secoué, mon habitat mobile étant lui-même ballotté.
Pendant ce temps, la pression de la paroi se fit de plus en plus fréquente et de plus en plus régulière, ce qui me fit comprendre que je n’avais plus le choix. Il fallait que je sorte. Mais qu’y avait –il à l’extérieur ?
Je commençais à sentir l’angoisse m’envahir. Je ne connaissais rien d’autre que mon cocon…
Tout se précipita…
Il me semblât entendre de la musique, puis des sons étranges et pourtant familiers. Les
contractions m’écrasèrent. L’échéance vers la sortie se faisait de plus en plus imminente. Les sons me parvinrent de mieux en mieux. Puis, tout à coup, l’eau dans laquelle je baignais s’échappa vers ce qui semblait être l’issue finale. La pression me força à m’y diriger. J’y glissais lentement, quand, tout à coup, ma tête se cogna contre quelque chose de dur et s’y bloquât… Les sons étranges, ainsi que la musique, se firent de mieux en mieux entendre. Soudain, une lueur aveuglante s’immiscat par l’orifice qui était, il n’y avait plus de doutes possible, la sortie. Je pus, au bout d’un moment, qui sembla durer une éternité, enfin, m’extirper de ce long tunnel…
Je ne voyais pas clair, mais autour de moi tout était si lumineux. Je devinais la présence d’espèce de géants, j’eus peur et me mis à crier, aussi fort que je le puit. Puis on me posa sur quelque chose de mou, chaud et confortable… Cet endroit m’était étranger et pourtant si familier. Je levais les yeux et crut deviner un visage, fatigué et souriant. Un son sembla sortir de ce qui avait l’air d’être une bouche, ce son m’était très familier. Je l’entendait souvent de mon abri.Tout à coup, je senti un liquide chaud sortir de moi, et un autre son retentit. Je crois qu’il s’agissait de rires, puis des mots : « au moins la tuyauterie fonctionne bien »… Le calme et la sérénité que j’avais connus étaient de nouveaux présents. Je compris par la suite, que l’endroit sur lequel on m’avait couché, était l’extérieur de mon abri. C’est pour cela qu’il m’était si familier et que je m’y sentais si bien. Je crois que l’on appelle ce lieu« maman ». Prés d’elle, je compris, plus tard, que l’un des géants était mon « papa ». Aux suites de tant de péripéties épuisantes, un des géants me pris dans ses bras et m’emmena loin de maman. J’étais certes inquiet mais relativement serein. Par la suite, le géant, qui je le compris plus tard, était une dame, me ramena à maman. Là on nous conduisit dans une autre pièce. Que le monde est grand en dehors de mon cocon, et qu’il est lumineux. Une fois au calme avec ma maman et mon papa, une farandole de visages se succéda devant moi. Tous très souriant, comme pour me souhaiter la bienvenue dans ce nouveau monde. Mais qui sont toutes ces personnes ?... Je suis si fatigué… Je suis dans les bras de ma maman… Je suis si bien… Mes yeux se ferment lentement… Je ne peux pas résister… Et n’est nulle envie d’essayer…
FIN.