[PG13] Amilia [début free style]

Amilia attrapa le petit rongeur alors qu’il tentait de s’enfuire. D’une main experte, elle lui brisa le cou, lui enleva une partie de la peau pour finalement avaler la moitié de son corps. Elle n’avait rien mangé depuis deux jours à part un vieux chien et quelques rats, dont celui-ci, aussi cette vermine était la bienvenue dans son estomac.

Après ce léger déjeuner, la fillette se décida enfin à sortir de son trou. Elle utilisait comme abris une vielle cave désaffectée, tout se qu’il y a de plus sale. La lumière du jour la fit chanceler, elle n’avait plus vraiment l’habitude. Elle avança d’un pas peu sûr vers la rue. Ici, la petite fille n’était pas seule, des dizaines de passants marchaient sans être attentifs à ce qu’ils les entourent. Ils étaient bien habillés pour la plupart, des représentants commerciaux, des comptables, des caissières, des gérants, des vendeurs automobiles… Autant de fonctions sociales que jamais ne comprendrait Amilia.

Elle se fraya un chemin à travers cette foule pour aller s’abriter sous le porche d’une église. L’ancienneté du bâtiment le faisait ressembler à ces anciennes cathédrales gothiques du moyen-age. Amilia l’ignorait, et s’en foutait pas mal, du moment que ses murs la coupaient du froid… En voulant se protéger d’une rafale de vent glaciale, elle trouva une petite ruelle qui longeait l’église. Elle y pénétra, là, le froid passait moins.

La fillette entreprit de masser ses pieds nus. Les orteils viraient au bleu, les ongles étaient dans un état déplorable. Depuis combien de temps ne s’était-elle pas lavée ? Avait-elle seulement le souvenir de l’eau chaude ? Repliée sur elle-même, elle se réchauffa méthodiquement.

Trop occupée à essayer de garder la température de son corps à la normale, elle ne remarqua pas qu’une porte de la ruelle s’était entrouverte. Un murmure presque inaudible s’en échappait. Elle ne l’entendait pas, mais se leva tout de même. A bout de force, elle s’avança, portée par on ne sait quelle espoir. Le murmure se fit plus fort, plus mélodieux, et Amilia l’entendait à présent comme s’il lui était destiné.

Reprenant conscience, Amilia stoppa. Qu’était-elle en train de faire ? Cette voie ou plutôt cet appel était attirant, c’était comme s’il inspirait à la fillette de la chaleur et le réconfort de la nourriture à la fois.

Qu’ai-je à perdre de toute façon ?

Décidée, elle poussa la porte. L’intérieur d’un vielle appart’ délabré s’ouvrait devant elle. Alors la voie se fit plus puissante. C’était claire, c’était elle qu’on appelait, mais qui aurait pu ? Elle s’avança, mais s’arrêta aussitôt, une main s’était posée sur son épaule.

Mon enfant…

Terrifiée, la petite se retourna. Mais, toujours en sentant cette main accrochée à son épaule, elle ne vit personne. Elle balança des bras dans le noir pour essayer de s’y retrouver. Ce n’est qu’à cet instant qu’elle s’aperçut que la porte avait été refermée et que, dans ce noir d’encre, elle ne s’y retrouverait jamais.